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LES SABRES et LA FORGE AUJOURD'HUI

La forge a repris une activité réelle depuis la guerre et fonctionne toujours parfaitement . Seulement les choses ont bien changées depuis cette guerre .
Depuis cette dernière donc , toutes les nouvelles épées comme les forgerons doivent être agréées ou licenciés. Seuls donc , les artisans détenteurs d'une licence attribuée par le Ministère de la Culture peuvent fabriquer un sabre traditionnel et le commercialiser. Pour obtenir cette licence , il faut répondre à deux critères :
-1) Suivre une formation auprès d'un forgeron licencié pendant 5 ans
-2) Passer un test de compétence sur le terrain du TATARA à SHIMANE .

Seulement lorsque ces deux conditions sont remplies , un étudiant peut prétendre être un forgeron licencié .
Le premier point correspond au minimum estimé pour qu'un élève normalement travailleur et adroit puisse acquérir l'ensemble des techniques nécessaire à la forge . Quelquefois , cela peut prendre plus de temps . Cependant , il existe aujourd'hui un autre système qui consiste pour l'étudiant à confectionner une lame en présence d'une assemblée de forgerons expérimentés afin de démontrer son habileté .
Cette possibilité est devenue obligatoire depuis 1988 . Ce test est réalisé à SHIMANE , et dure 8 jours durant lesquels le postulant doit réaliser un sabre court ou WAKIZASHI , en utilisant du TAMAHAGANE neuf .
3 Artisans expérimentés observent l'adresse du candidat à chaque stade et décident ensuite si son savoir-faire est suffisant .
Si le candidat réussit , il obtient un certificat grâce auquel , après 5 ans d'apprentissage il sera licencié par le Ministère de
la Culture . Ainsi , il peut fabriquer et vendre ses deux longs sabres ou ses 3 courts par mois . Les candidats peuvent également passer le test au bout de 4 ans mais cela ne les dédouane pas de faire leur cinquième année de toute façon . Près de 60 % des étudiants le tentent malgré tout . Mais s'ils échouent , ils peuvent toujours le repasser l'année suivante . Il y a environ 5 ou 6 candidats par an à ce test .
Souvent , pourtant , les étudiants demeurent 7 à 8 ans avec leur professeur afin d'assurer et d'améliorer au maximum leur art .

Aujourd'hui , de nombreux forgerons hésitent à prendre des apprentis malgré la demande toujours forte et l'intérêt pour cet artisanat . Pourquoi ? tout simplement parce qu'ils considèrent que les forgerons ne sont plus surs de vivre de leur art .
Certains autres tolèrent que des étudiants viennent travailler dans leur atelier mais sans accepter aucune responsabilité et engagement à leur encontre .
Les lames produites de nos jours sont chères , très chères . Une lame créée par un des meilleurs forgerons peut rivaliser avec le prix d'une voiture neuve . La plupart des jeunes forgerons ont du mal à vendre leur production et donc à en vivre . Cela est tellement vrai que de nos jours , un certain nombre de jeunes artisans ne peuvent vivre sans le soutien de leur famille .
A la base de ce problème , se trouve le prix des lames modernes . La principale raison de cet état de chose , est le JU-TO-HO , la loi de régulation sur la possession et la production de sabre ( et d'armes à feu ). Pour se conformer à cette loi , un forgeron ne peut produire que deux sabres longs ou 3 sabres courts par mois . Ajoutez à ce faible quotat , le cout , des matières premières dont le TAMAHAGANE en provenance généralement de SHIMANE , TATARA du NBTHK , du charbon de bois utilisé à la forge , du temps réel nécessaire à la réalisation , du polissage , du habaki et du shirasaya , au minimum requis , plus le besoin de faire vivre sa famille de son travail , supporter éventuellement un apprenti et également faire face aux frais de son installation . Pour pouvoir couvrir ces dépenses , avec 2 sabres , il est évident que ceux-ci doivent être vendus un bon prix .
Les jeunes n'ayant pas cette notoriété ne peuvent pas se le permettre , d'où la difficulté de vivre de leur ouvrage .
Aujourd'hui , seul une modification vers un assouplissement de cette loi pourrait permettre aux forgerons de vivre mieux de leur travail en produisant plus de lames car ils en ont largement les moyens , tout en conservant un minimum de qualité à celles-ci même s' Il ne faut pas tomber dans l'excès d'une surproduction uniquement mue par le désir de s'enrichir au détriment de la qualité du sabre traditionnel japonais .
Cette loi a eté promulguée après guerre dans une situation économique et sociale totalement différente . Ce quota a été
" étalonné " sur la base de production d'un forgeron reconnu : MIYAIRI . Mais aux dires de nombre de ses confrères et disciples c'était plutot un forgeron " pépère " , un peu bohème voire dilettante et il semble qu'un artisan normalement actif , surtout de nos jours , soit capable d' une bien meilleure production .
Mais malgré les démarches tentées dans le passé par l'association des forgerons japonais , rien n'a évolué . Ils ont essayé d'élargir le marché pour aider les jeunes artisans à s'en sortir mais sans véritable succès . Le Trésor National Vivant , AMATA AKITSUGU , pense que le sabre d'art continuera de subsister mais qu' il n'est pas impossible que la forge , elle , disparaisse . Ce pessimisme ambient semble de rigueur chez les forgerons modernes .
Il apparait que le sabre est très apprécié de par le monde mais le cout élevé de ces lames empêche d'envisager tout marché hors du JAPON possible .
Les GENDAITO produits de nos jours sont aussi beaux esthétiquement parlant , aussi solides et aussi efficients en terme d'armement bien que cela ne soit plus leur destination première , ils peuvent en outre être construits en respectant une des anciennes traditions , qu'elles soient KOTO, SHINTO ou SHINSHINTO .
Tous les aspects d'antan, TAMAHAGANE , forge , trempe , polissage , montures , tout est fait de la même façon ou presque que dans le passé avec des résultats quasiment aussi remarquables .
Une libéralisation de cette loi pourrait faire raisonnablement baisser les prix et encenser encore davantage le sabre d'art en permettant aux amateurs modérémment fortunés de pouvoir s'offrir une lame neuve , sans doute un de leur plus grand souhait . Alors , avec ce changement pourrait naitre une nouvelle appellation pour ces lames , pourquoi pas " SHIN GENDAITO " ? .


PS : en ANNEXE , vous trouverez deux tableaux , l'un définissant les principales caractéristiques des lames ( KOTO et SHINTO ) ,
en fonction des périodes de fabrication et des traditions , l'autre effectuant une comparaison entre ces mêmes lames .

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Chapitre 7 : Les Ecoles de Forge